Stratégie d’Achat : Construire efficacement son plan d’action selon la matrice de Kraljic

L’audit d’ACHAT effectué, vous voici en possession d’atouts pour faire de vos achats un vrai levier de performance. Mais il n’est pas une fin en soi. Un peu comme le baccalauréat aujourd’hui, l’audit d’achat constitue un sésame pour aller plus loin et finaliser vos objectifs de performance : La condition nécessaire pour définir votre stratégie d’achat. Classer ses achats à l’aide de la matrice de Kraljic vous donnera un état des lieux clair et exhaustif de votre politique achat : un outil d’aide à la décision pour envisager en toute connaissance de causes les plans d’action à mettre en œuvre.

Vous avez décidé de faire un audit achat dans votre entreprise ? Vous avez raison. Les achats, comme je l’indiquais dans mon dernier article (lien article précédent), constitue le premier levier de performance et de compétitivité de votre entreprise. Savez-vous d’ailleurs qu’en moyenne, le chiffre d’affaires achat correspond à 50% du CA commercial ? Voilà une manne d’économie à ne pas négliger.

L’audit, nous l’avons vu, vous permet d’identifier tous vos processus achat et de visualiser tous les points d’optimisation. Mais il n’est pas une fin en soi. Il est le préalable nécessaire pour identifier la stratégie d’achat à mettre en place.

Et voici donc le sujet tout trouvé pour ce nouvel article : qu’est ce qu’une stratégie achat et surtout comment la mettre en place grâce à la matrice de Kraljic ?

Parler de « stratégie » peut être tout de suite assimilé à quelque chose de complexe : Rassurez-vous, une stratégie d’achat peut définir des actions, des moyens simples à mettre en oeuvre, concernant vos fournisseurs ou encore votre process.

Pour commencer, vous pouvez réaliser une cartographie de l’existant afin de répertorier vos différentes catégories d’achats selon des critères spécifiques. Vous allez pouvoir ainsi classifier vos achats par famille de produits : les achats de production (dits aussi achats directs) et achats hors production (dits achats indirects). A l’intérieur de cette première classification, vous pourrez alors établir une multitude de sous-familles : par exemple, pour les achats de production, vous définirez les achats de matières premières ou encore es achats de produits manufacturés. Pour les achats hors production, vous pourrez dissocier les achats de frais généraux des achats de service ou encore les achats de négoce.

Cette première phase doit être réalisée avec rigueur pour construire une vision simple des achats et segmenter les comptes fournisseurs afin de définir par la suite les actions à mettre en place.

Une fois ce classement effectué, vous positionnerez vos types d’achats et fournisseurs sur une matrice telle que celle de Kraljic. L’intérêt de cette matrice qui porte le nom de son créateur (Peter Kraljic, directeur de McKinsey) est de considérer l’achat comme une valeur et non comme une dépense. Pertinente, simple à construire, elle est particulièrement visuelle car elle représente le portefeuille achat de votre entreprise selon deux dimensions : l'importance stratégique de la famille d'achat en terme de valeur et la complexité du marché fournisseur (facilité d’approvisionnement, marché concurrentiel…).

D’un simple coup d’œil (ou presque !), vous identifierez vos achats selon 4 ensembles distincts :

Les achats critiques et les achats simples détermineront pour les premiers ceux dont la valeur d’achat est élevée mais sans problème d’approvisionnement. Les achats simples constituent des achats sans impact sur le business avec une offre importante.

Les achats lourds n’ont quant à eux pas une grande valeur stratégique mais l’approvisionnement peut s’avérer complexe. Enfin, les achats stratégiques sont les achats les plus complexes puisqu’ils constituent une importance déterminante pour votre production avec un approvisionnement difficile.

Une fois votre matrice complétée, la situation sera plus claire. Et les décisions à mettre en place beaucoup plus réfléchies. Votre plan d’action comportera plusieurs objectifs et entre autres :

  • « Make or Buy » : voilà une question qui peut se poser se poser pour certains de vos achats. Devez-vous, par exemple, sous-traiter l’achat de cette petite pièce indispensable à votre produit ou serait-il plus optimal de la produire vous-même ? Répondre à cette question, c’est aussi d’évaluer le cœur de métier de votre entreprise et savoir si oui ou non, vous devez vous y concentrer.
  • Massifier est également une action possible et qui consiste à diminuer le nombre de fournisseurs pour certains achats. L’objectif ici : cesser cette déperdition de temps et d’argent dans l’achat de certains produits non stratégiques.
  • Ou au contraire faire du Sourcing : en diversifiant l’offre par la recherche de nouveaux fournisseurs et éviter les risques de ruptures d’approvisionnement pouvant jouer sur votre productivité.

Bien entendu, toutes ces actions ne pourront pas se faire de front. Lorsqu’on sait que 20% des fournisseurs c’est 80% de vos approvisionnements, il va falloir identifier les couvertures, c’est-à-dire les achats et fournisseurs associés que vous allez traiter en priorité pour réaliser le maximum d’économies.

La mise en place de toute stratégie d’achat n’est pas l’apanage des grandes entreprises. Elle est facilement réalisable pour toute PME désirant optimiser ses dépenses mais aussi baisser la pression qui s’opère auprès de ses équipes dans le traitement des achats (délais, paiement des fournisseurs…).

 Et vous, comment envisagez-vous votre stratégie achat ? Avez-vous déjà mis en place votre matrice de Kraljic ?

Références ALRAN&Co

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